19/07/2025 reseauinternational.net  4min #284648

 Syrie : le quartier général de l'armée visé par des frappes israéliennes

L'Empire ne protège pas ses alliés : le vrai sens de la frappe israélienne à Damas

Merci à Peiman d'avoir accepté de parler en français

Nous lui pardonnerons les quelques fautes d'accent...

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Bonjour à toutes et à tous.
Je suis Peiman Salehi, chercheur et analyste basé à Téhéran, et je vous remercie d'être là.

Aujourd'hui, je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur un événement récent au Moyen-Orient, un événement qui, à mon avis, révèle bien plus que ce que les médias occidentaux laissent entendre.

Le 16 juillet 2025, Israël a frappé un bâtiment du ministère de la Défense à Damas, appartenant au gouvernement de Mohammad al-Jolani.

Cette attaque ne peut pas être considérée comme un simple acte militaire ou une opération ciblée. C'est, en réalité, un message stratégique profond. Et pour le comprendre, il faut le replacer dans le contexte global du Moyen-Orient d'aujourd'hui.

On est dans une phase très instable de l'histoire régionale. Entre la normalisation entre certains États arabes et Israël, la fin de l'unipolarité américaine, et l'émergence d'un monde multipolaire avec des acteurs comme l'Iran, la Russie ou la Chine, chaque geste militaire devient porteur de sens.

Et c'est dans ce contexte que l'on doit lire cette frappe israélienne.

Parlons maintenant de Mohammad al-Jolani. C'est une figure bien connue : ancien chef de Jabhat al-Nosra, affilié à al-Qaïda, il a été pendant des années un ennemi déclaré de Damas... et pourtant, aujourd'hui, il est présenté par certains médias occidentaux comme un acteur politique «modéré», voire comme un partenaire possible.

Son gouvernement, soutenu de manière discrète mais réelle par les puissances occidentales, est clairement inscrit dans le paradigme pro-américain.

Et là, une question se pose : pourquoi Israël bombarderait-il un régime qui semble faire partie du camp occidental ?

La réponse est simple, mais dérangeante : l'Empire n'a pas d'alliés permanents. Il n'a que des intérêts. Et quand un pion devient inutile, incontrôlable, ou simplement gênant, il peut être sacrifié. Même s'il a bien servi.

Dans le cas de la Syrie, l'objectif réel n'est pas de faire tomber tel ou tel gouvernement. L'objectif, c'est l'affaiblissement permanent. C'est la fragmentation. Empêcher toute reconstruction d'un État syrien souverain.

Depuis des années, on assiste à une tentative de balkanisation : diviser le pays selon des lignes ethniques, religieuses, politiques.

Cette fois, c'est la cause druze qui sert de prétexte. Mais derrière, c'est le même agenda : empêcher tout État fort qui pourrait rejoindre l'axe de la Résistance.

D'ailleurs, depuis l'arrivée de Jolani, la Syrie s'est éloignée de cet axe - l'axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth. Cela semblait satisfaire l'Occident... mais manifestement, même cela ne garantit rien.

Car même un régime qui se montre « coopératif » peut être puni. La soumission ne protège pas.

Et c'est là la vraie leçon pour toute la région : suivre les règles de l'Empire ne vous garantit pas la sécurité.

Ce que l'impérialisme veut en Syrie, ce n'est pas la paix. Il veut un territoire divisé, un gouvernement faible, dépendant de l'aide étrangère, et surtout, une Syrie coupée de tout lien avec la Palestine, le Hezbollah ou l'Iran.

C'est aussi un laboratoire pour tester des modèles de changement de régime. Et le prochain sur la liste pourrait bien être l'Iran.

En conclusion, je dirais ceci : le chaos n'est pas un accident. Il est organisé, voulu, justifié parfois au nom des droits de l'homme ou de la sécurité.

Mais si on gratte un peu, on voit un projet de domination.

Et résister à cela, c'est déjà refuser de croire à ce récit. C'est vouloir une autre lecture.

Merci beaucoup de m'avoir écouté.
Si vous avez trouvé cette analyse utile, je serais heureux de continuer ce genre de format.
Merci aussi à Réseau International pour leur confiance.
Et à très bientôt.

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